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Par Noémie Coudray.
Acquis par le groupe Accor, Le Lido de Paris et ses spectacles se terminent demain, parmi les symboles de Paris aux yeux du monde entier, soir de la dernière. Rencontre avec Chloé Bernard, danseuse de cabaret.
Sans a priori ni tabou, avec une volonté vouée à sa pratique, Chloé Bernard a fait partie d’un monde que le public connaît peu et qui ne laisse qu’entrevoir les facettes des paillettes et plumes aux corps qu’elle pouvait porter tous les soirs.
Commençant très tôt son apprentissage de la danse, elle a côtoyé la scène du Lido de Paris pendant plus de 9 ans. Cabaret mythique des Champs-Élysées, fêtant ses 75 ans cette année, cette scène retrace toute une histoire, celle des années d’après-guerre à aujourd’hui, celle de l’univers des dîners-spectacles, des comédies musicales, du cinéma hollywoodien, du music-hall parisien et des shows américains.
Pour comprendre le parcours de Chloé Bernard, il faut cerner l’histoire du Lido de Paris. Placé sur l’avenue des Champs-Élysées de Paris, cet ancien thé dansant est racheté et transformé par les frères italiens, Joseph et Louis Clerico en 1946. Cette année marque son inauguration avec une première revue intitulée « Sans rimes ni raison ». Elle présente trois girls et quatre boys. Deux ans plus tard, c’est dans une capitale en pleine transformation que Margaret Kelly rejoint le Lido de Paris. Danseuse franco-irlandaise de 36 ans, mère de deux enfants, elle est l’épouse de Marcel Leibovici, pianiste et compositeur juif alors aux Folies Bergère. Surnommée « Miss Bluebell » en raison de la couleur de ses yeux, elle choisit d’y intégrer toute sa troupe, les Bluebell Girls, déjà formées depuis un an. Ayant toutes reçues une formation de danse classique, elles forment ensemble un corps de ballet mesurant au minimum 1,75m, à la hiérarchie précise, où chaque ligne est dirigée par un ou une capitaine. La troupe commence par les Bluebell Girls (soixante jeunes filles de toutes nationalités), suivie des Belles reconnues pour leurs seins nus, puis les Sublimes en solistes et les Kelly Boys (vingt-cinq garçons originaires aussi de la danse classique). Margaret Kelly dirige la compagnie jusqu’en 1986, elle travaille en particulier avec René Fraday, directeur artistique, qui a fait ses débuts comme boy de Mistinguette et le chorégraphe et producteur américain Donn Arden. C’est son assistant Pierre Rambert qui reprend ensuite la direction pendant 28 ans, succédé par Jane Sansby, l’actuelle maîtresse de ballet.
Chloé Bernard a commencé toute jeune sa formation en danse classique : sport-études au collège et au lycée, et des cours en supplément en MJC et en écoles privées. Pour sa dernière année de lycéenne, elle a pu intégrer le conservatoire de Metz. Ce qui lui a valu d’obtenir son diplôme d’état de danseuse en même temps que son baccalauréat.
« J’ai continué à l’université en parallèle de mes études et suis rentrée au ballet de Metz, tout en poursuivant avec le conservatoire. J’ai pu passer différentes auditions, dont celles de l’école du ballet de Maurice Béjard que j’ai raté à cause de ma taille, considérée comme trop grande. Je mesure 1,80m. On m’a recommandé de me tourner vers le cabaret. Je suis donc partie sur Paris et ai passé les auditions en 2008 pour le Lido de Paris. À cette époque, Pierre Rambert était présent. Il m’a trouvé très bien, mais trop jeune, en me conseillant de revenir dans quelques années et de parfaire mon expérience. » Poursuivant son ambition, elle s’est alors tournée vers le Royal Palace de Kirrwiller qui lui propose rapidement un contrat. Chloé fait ainsi ses premiers pas dans l’univers du music-hall. Elle y restera 5 ans, changeant chaque année de revue et de créations. « C’était un environnement très familial. J’ai connu trois chorégraphes différents, dont 2 productions. Toutes les saisons, les numéros changeaient, avec des styles très variés. On pouvait passer d’une ambiance très music-hall à celui du disco ou du Bollywood. De formation classique, j’ai pu ainsi m’initier au sein de la troupe à différents styles de danses. » En 2013, elle retourne au Lido et repasse les auditions. Pierre Rambert la reconnait et lui ouvre les portes. Son rêve se réalise.
L’ouverture de cette scène dans les années d’après guerre marque l’engouement du genre « cabaret » mêlant la revue, existant déjà depuis le XIXe siècle. En parallèle, dès les années 1920, les États-Unis connaissent un vent de liberté sur les corps féminins. L’inspiration afro- américaine de la danse de jazz et de moderne-jazz se présentait alors, comme un défi lancé aux conservateurs, tant par son manque de bienséance dans la tenue des corps que par son ignorance des clivages raciaux, sociaux et de genre. Quelques années plus tard, c’est le succès des comédies musicales hollywoodiennes, du cinéma et des théâtres de Broadway, qui font de la danse de music-hall un terrain d’inventivité et d’ambitions. Français et Américains s’influencent, la guerre est finie, les cultures voyagent et la scène se raconte et se partage comme sur les nouveaux écrans petits ou grands.
Les années 1955 sont marquées par l’inauguration d’une franchise au Stardust de Las Vegas, qui proposât des spectacles jusqu’en 1992. Avec une clientèle internationale, l’ambiance dîner-spectacle (création spécifique au Lido de Paris, copiée dans le monde entier) est un succès grandissant permettant même d’agrandir la salle. Sur plus de 6 000 m2 de surface, le projet a pu offrir des décors à leur mesure et une salle panoramique. Édith Piaf, Marlène Dietrich, Joséphine Baker, les sœurs Kessler, Laurel et Hardy, Dalida, Shirley MacLaine ou encore Elton John, se sont produits sur cette scène.
Et lorsque Chloé Bernard parle de la danse, c’est avec une discipline somme toute teintée d’attention. Les lignes et les groupes n’ont pas changé depuis l’origine. « Au Lido de Paris, contrairement à ce que j’avais connu, il y a une hiérarchie très particulière. Lorsque je suis arrivée, j’ai directement fait partie de la ligne des «Belles». Je suis arrivée dans un timing où une place se libérait et étant grande, j’étais accordée avec la troupe. » Plusieurs facteurs, dont l’aspect physique joue pour connaître leurs emplacements et pas seulement la technique. « Normalement, tout s’organise en fonction des grades. Souvent, les plus jeunes commencent en étant « Bluebelles », ensuite « Belles », enfin « Sublimes ». Ce qui n’a pas été sans jalousie et concurrence au départ. Mais cela a été plutôt moteur et positif. Je n’ai aucun apriori pour être danseuse topless. Nos choix personnels sont tout à fait respectés. J’ai commencé sur le show « Bonheur » qui tournait depuis une bonne dizaine d’année. Pierre Rambert était garant de la chorégraphie et certains tableaux avaient été créés par lui. Son rôle, comme celui de Jane Sansby, en tant que maître de ballet est de nous soutenir, nous préserver et nous coacher que ce soit dans les répétitions, comme au sein de la troupe. Ils sont garants de l’essence de la chorégraphie. Nous sommes un ensemble et ils sont les chefs d’orchestre. Et puis dans chaque ligne un danseur est assigné capitaine. En tant que chef du groupe et connaissant tous les emplacements et pas, ce sont eux qui transmettent les mouvements sur la scène directement. Il faut savoir imaginer qui sera derrière et devant soi, lorsque l’on réalise seules les répétitions en amont. Les séances avec toutes les danseuses de notre ligne ne se faisaient que la veille du show. Passer de 2 sur scènes, à 10, puis 40, cela change beaucoup notre perception. Les costumes aussi contraignent nos mouvements. On doit apprendre à s’adapter, à se faire sa place et ne gêner personne. Finalement, toute cohabitation avec le chorégraphe n’a lieu que pendant les périodes de création. »
La 27ème revue du Lido de Paris, « Paris Merveilles », est signée en 2015 par le chorégraphe Benoit Swan Pouffer, ancien danseur du Alvin Ailey American Dance Theater, ayant notamment conçu toutes les scènes chorégraphiques pour l’actrice Emily Blunt, du film L’AGENCE (« The Adjustment Bureau ») avec Matt Damon. Pour Chloé Bernard, cette expérience est impérissable et exceptionnelle. « J’ai pu participer à tout le processus de création pendant les 3 mois de fermeture du Lido. Le travail au quotidien était de 8h de création par jour. On a dû réaliser beaucoup de workshops au préalable pour créer de nouvelles gestuelles. Les recherches chorégraphiques m’ont amené aussi à faire pour la première fois de ma carrière de l’improvisation. Je ne suis pas très à l’aise avec cela. Je préfère être guidée, quitte à l’interprété un peu différemment, suivre la chorégraphie et les pas demandés. Les associations de mouvement, les rythmes étaient souvent totalement changés du jour au lendemain. Et ce qui parfois, n’était pas volontaire, on le gardait. C’était des moments très intenses. Apprendre tous les jours des éléments différents qui sont totalement défaits le lendemain désorientent énormément, mais sont très enrichissants. Il avait des idées tous les jours ce qui incite à l’admiration. Je le remercie pour sa patience et l’attention de son assistant Willy Laury. Une fois les premières bases posées, nous avons pris place dans la salle du Lido et le travail avec le metteur en scène a pu commencer. »
Les décors de cette revue sont créés par Franco Dragone, directeur artistique belge, connu pour avoir travaillé sur de nombreux spectacles dont la compagnie québécoise le Cirque du Soleil. Pendant 2 mois après les premiers moments de créations, la chorégraphie n’est pas terminée. « L’événement a été lancé pendant 1 an et réajusté par la suite à plusieurs reprises. La chorégraphie évoluait, changeant nos pas, et même des numéros et attractions entières. La présence des cygnes a par exemple été totalement enlevée. Cela a été difficile de réaliser pour moi la partie de french cancan alors que Barricade a été un moment très fort. On marche avec conviction le poing levé, et des gestes plus arrêtés. J’ai aussi une certaine appétence pour le numéro La Fontaine qui est beaucoup plus lyrique et contemporain. J’ai été vraiment heureuse de faire partie de cette création. »
Depuis l’annonce du changement de direction en début d’année par le groupe Accor, une nouvelle facette de cette scène se profile. L’inquiétude et le ressentiment de Chloé préfigurent celui de toutes et tous les autres danseuses et danseurs, malgré une reconnaissance de toutes ces années passées : « Le groupe Accor a racheté le Lido, mais pas son spectacle, ni son personnel puisque nous sommes tous congédiés. En tant que remplaçante, mon contrat est pour le moment terminé, mais j’ai pu participer aux derniers shows du cabaret. À mon sens, il ne suffit pas de racheter un lieu pour bénéficier de son âme et de son histoire. Pour le groupe Accor, la performance économique a pris le pas sur la performance artistique. Aujourd’hui, ce sont les actionnaires qui mènent la danse. »
Chloé a réussi à entamer sa reconversion dans un tout autre domaine comme elle le souhaitait. « Lorsque l’on poursuit cette carrière, on a conscience qu’il sera difficile d’atteindre l’âge de la retraite en restant sur scène. Les deux années de Covid ont accéléré ma transition. Finalement, une page se tourne pour moi en même temps que celle du Lido de Paris. Je continue par ailleurs à danser pour des Galas et des évènements. J’éprouve toujours autant de plaisir à me revêtir de costumes et être sur scène le temps d’une soirée. »
« C’est finalement au moment de l’annonce abrupte de la fermeture du Lido de Paris et du licenciement de tout son personnel, que j’ai eu pour la première fois l’impression d’être un objet. »
Aujourd’hui, l’image de la femme sur scène change et évolue, les attentes du public aussi. Le music-hall fait-il encore rêver ? Comment renouveler cette image ? Tous ces nouveaux paradigmes pourraient faire basculer l’histoire de cette scène pour amener le spectateur dans d’autres dimensions scéniques innovantes. « Pour moi un corps en mouvement, c’est surtout l’incarnation et l’interprétation que l’on met dans le geste. Et c’est finalement au moment de l’annonce abrupte de la fermeture du Lido de Paris et du licenciement de tout son personnel, que j’ai eu pour la première fois l’impression d’être un objet. »
Photographie © Julien Benjamou.
From classical to cabaret, profile of Chloé Bernard.
With no qualms or taboos but unwavering dedication to her craft, Chloé Bernard is part of a little-known world that remains hidden despite the revealing body glitter and feathers she would wear each night.
Beginning her dance education at a very early age, she graced the Lido de Paris stage for over nine years. The legendary Champs-Elysées cabaret celebrates its 75th anniversary this year, marking a history that spans from the post-war period to today: the era of dinner shows, musicals, Hollywood cinema, Parisian music hall and American entertainment.
To understand Chloé Bernard’s journey, we need to know something about the history of the Lido de Paris. Located on Avenue des Champs-Élysées in Paris, the former tea dancehall was taken over and transformed by Italian brothers Joseph and Louis Clerico in 1946. That year saw its relaunch with an early revue entitled With No Rhyme or Reason. It featured three ‘girls’ and four ‘boys’. Two years later, Margaret Kelly joined the Lido de Paris in what was then a radically changing capital city. A 36-year-old Franco-Irish dancer and mother of two, she was the wife of Marcel Leibovici, a Jewish pianist and composer then at the Folies Bergère. Nicknamed ‘Miss Bluebell’ due to her eye colour, she came with her entire troupe, the Bluebell Girls, formed a year prior. All classical dance trained, together they formed a corps de ballet measuring at least 1.75 m and with a precise hierarchy, every line being led by a male or female captain. The troupe started with the Bluebell Girls (sixty young women of all nationalities), followed by the topless Belles, then the soloist Sublimes and the Kelly Boys (25 men also with classical dance backgrounds). Margaret Kelly headed the company until 1986, often working with artistic director René Fraday, who debuted as a Mistinguette boy, and U.S. choreographer and producer Donn Arden. Her assistant Pierre Rambert subsequently moved to the helm for 28 years, succeeded by the current ballet mistress Jane Sansby.
Chloé Bernard began her classical dance training at a very young age: sport studies in junior high and further classes at youth clubs and private schools. For her final year in senior high, she was able to join the conservatoire of Metz. That allowed her to earn her professional dance diploma at the same time as her baccalaureate.
“I carried on at university alongside my studies and joined Metz Ballet, all whilst staying with the conservatoire. I had various auditions, including for Maurice Béjart’s ballet, which I didn’t get because of my height. They thought I was too tall: I’m 1.80 m. I was advised to move into cabaret. So I went to Paris and auditioned for the Lido de Paris in 2008. Pierre Rambert was there then. They thought I was very good but too young, telling me to come back in a few years and get more experience.” Pursuing her ambition, she turned to the Royal Palace in Kirrwiller, which promptly offered her a contract. Chloé then took her first steps into the world of music hall. She stayed there for five years, changing revue and performance every year. “It was like a family. I worked under three different choreographers on two productions. Every season, the numbers changed with a huge variety of styles. We could switch from typical music hall to disco or Bollywood. With my classical background, I was able to try out different dance styles within the troupe.” In 2013, she went back to the Lido and auditioned again. Pierre Rambert recognized her and flung open his doors. Her dream came true.
The venue’s relaunch in the post-war years came alongside the growing popularity of the ‘cabaret’ genre, combining elements of revue which had been around since the nineteenth century. From the 1920s, the U.S. experienced a wave of feminism giving women greater control over their bodies. African American-inspired jazz and modern jazz dance challenged conservatives by breaking the rules of good behaviour and ignoring racial, social and gender divides. A few years later, the success of Hollywood musicals, cinema and Broadway theatre made music hall dance a hotbed of invention and ambition. France and America swopped influences, the war ended, cultures travelled and the stage was talked about and shared on new small or big screens.
The late 1950s were marked by the start of a franchise at the Stardust Resort in Las Vegas, which staged shows until 1992. With an international clientele, the dinner show format (created by the Lido de Paris and copied around the world) was a growing success, even making it possible to extend the showroom. Spanning over 6,000 sq. m, the venue was able to offer spectacular scenery and a panoramic stage. Edith Piaf, Marlene Dietrich, Josephine Baker, the Kessler Twins, Laurel and Hardy, Dalida, Shirley MacLaine and Elton John all performed here.
And when Chloé Bernard talks about dance, she describes a demanding but rewarding discipline. The lines and groups have not changed since their inception. “At the Lido de Paris, unlike where I had been before, there was a very clear hierarchy. When I joined, I became part of the ‘Belles’ line straight away. I arrived when a spot was free and being tall, I matched the troupe.” Several factors, including physicality and not just technique, determined their positions. “Normally, everything is organized around the grades. Often, the youngest start out as ‘Bluebelles’, then ‘Belles’ and finally ‘Sublimes’. There was jealousy and competition at first. But that was quite motivating and positive. I had no issue with being a topless dancer. Our personal choices were totally respected. I debuted on the show Bonheur, which had been running for a good ten years. Pierre Rambert oversaw the choreography and had created some of the scenes. His role as ballet master, and Jane Sansby’s, was to support, protect and coach us, both in rehearsals and within the troupe. They upheld the essence of the choreography. We were an orchestra and they were the conductors. One dancer in every line was made captain. As head of the group and knowing all the positionings and steps, they led the movements on stage. You need to be able to picture who will be behind and ahead of you when you rehearse alone beforehand. The sessions with all the dancers in our line only happened a day before the show. Going from two to ten then forty on stage, that changes your perception a lot. The costumes also restricted our movements. We had to learn to adapt, find our place and not bother anyone. Finally, any collaboration with the choreographer was only possible during the development phases.“
The 27th Lido de Paris revue, Paris Merveilles, was created in 2015 by the choreographer Benoit Swan Pouffer, ex-dancer with the Alvin Ailey American Dance Theater, who choreographed all the dance scenes for actor Emily Blunt in the Matt Damon film The Adjustment Bureau. For Chloé Bernard, that was an unforgettable and exceptional experience. “I was involved in the entire creative process during the three months that the Lido was closed. The work was eight hours of creation every day. We had to do a lot of workshops first to create new movements. Developing the choreography also led me to improvise for the first time in my career. I’m not very comfortable with that. I prefer to be guided, even if it means interpreting it a bit differently, to follow the set choreography and steps. The combinations of movements and rhythms were often totally changed from one day to the next. And sometimes we did something accidentally and kept it in. That was a very intense time. Learning different elements one day that are totally undone the next is incredibly disorienting but very rewarding. He had ideas every day, which you have to admire. I’m grateful for his patience and the attentiveness of his assistant Willy Laury. Once the first foundations were laid, we moved into the Lido showroom and the work with the director could begin.“
The scenery for that revue was created by Belgian artistic director Franco Dragone, known for his work on many productions, including with the Quebecois company Cirque du Soleil. For two months after the initial creative period, the choreography does not stop there. “The production was launched for a year and then readjusted several times. The choreography evolved, changing our steps and even whole numbers and attractions. The use of swans, for example, was totally scrapped. It was hard for me to do the part of French cancan while Barricade was a highlight. You march with a raised fist and more stop-start movements. I’m also quite fond of La Fontaine number, which is much more lyrical and contemporary. I was really happy to be part of that creativity.“
Since the Accor Group announced the change of management at the start of the year, a new era has been coming to the venue. Chloé’s concern and ressentiment is shared by her fellow dancers, although she recognizes all the years spent there: “The Accord Group has taken over the Lido, but not its productions or staff as we’ve all been laid off. As I’m an understudy, my contract is terminated for the time being, but I was able to take part in the cabaret’s final shows. As I see it, you can buy a venue but not its soul or history. For the Accor Group, economic performance takes precedence over artistic performance. Today, the shareholders are running the show.”
Chloé has achieved her goal of entering a very different field. “When you choose this career, you know that it will be hard to keep performing on stage up until retirement age. The two years of Covid accelerated my transition. Ultimately, a new chapter has opened for me at the same time as at the Lido de Paris. I still dance for galas and events. I enjoy putting on costumes and being on stage for the night just as much.”
Today, the image of women on stage is changing and evolving, and with it the audience’s expectations. Is music hall still the stuff of dreams? How can we modernize its image? All these new shifts could tilt the history of the genre to take the viewer into other innovative forms of performance. “For me, a moving body is more about the personification and interpretation that we put into the movement. And it was when the abrupt closure of the Lido de Paris and the dismissal of all its staff was announced that I felt like an object for the first time.“